J'écris ce blog pour faire connaître mon sport - ma passion - à tous. Certaines sections s'adressent surtout aux débutants, comme la rubrique "Gestuelle et techniques d'escalade", d'autres relatent mes voyages ou bien les dernières compétitions auxquelles j'ai participé ou assisté. N'hésitez pas à me laisser vos commentaires!

mardi 7 août 2012

Escalade aux Olympiques et Coupe du monde à Toronto?

Je suis une grande fan des Olympiques. Hiver comme été, je me rive devant l'écran ou devant mon ordinateur pour regarder les athlètes, les statistiques, les performances. Je deviens très émotive lorsque je vois un Canadien - et encore plus un Québécois ou une Québécoise - remporter une médaille d'or.

Dès mon plus jeune âge, je regardais cet événement international d'envergure. Je me rappelle de la médaille gagnée par Ben Johnson au 100 mètres, pendant les Jeux de Séoul (1988 : j'avais à peine cinq ans), et de la honte qui s'en est suivie du fait de son résultat positif au test de dopage. Huit ans plus tard, c'était le Canadien Donavan Bailey qui répétait cet exploit : courir le 100 mètre en moins de 10 secondes et battre le record du monde de l'époque, aux Jeux d'Atlanta. Double médaillé d'or au 100 m individuel et au 4 fois 100 mètres en équipe. J'avais peur que le scandale de 1988 se répète, mais ce n'était pas le cas. Bailey était simplement exceptionnel, et j'étais très fière de mon pays.

Le sport est source de fierté, de motivation, d'estime de soi. Il donne des ailes. Évidemment, il nous remet aussi souvent en question, et peut s'avérer source d'angoisse ou d'inquiétude, mais il faut savoir canaliser cette énergie et profiter de la confiance que nous apporte une réussite pour repousser encore plus les limites. Le sport, c'est le dépassement de soi à l'état pur. La réalisation ultime de ce dont la machine humaine est capable.

En regardant la nage synchronisée ce matin, je me demande s'il ne serait pas plus intéressant de voir une compétition de bloc ou de voies. C'est bien beau les jupettes et les pirouettes, les jambes qui se balancent dans les airs en synchro et les sourires forcés, mais est-ce que le public préfère vraiment cela à des athlètes qui affrontent les hauteurs, le vertige, la chute? À des mouvements fluides, controlés, mais ô combien puissants et forts?

Apparemment, l'escalade a été acceptée à titre provisoire en tant que sport qui "pourrait" se qualifier comme sport Olympique. Le nombre de discipline étant déjà suffisamment élevé aux Jeux d'été, il faut qu'un sport se retire pour qu'un nouveau apparaisse. L'escalade devrait donc, techniquement, être en démonstration en ce moment à Londres, mais on n'en entend pas du tout parler. J'en suis bien déçue. J'ai fait quelques recherches avec divers mots-clés, mais je ne trouve rien du tout. Rien, niet, nada.

Pour que le sport se qualifie aux JO, il faut qu'il soit régit par un organisme international qui démontre l'existence de réseaux de compétition bien établis, la présence de nombreux athlètes de haut calibre et provenant de divers pays, des règles claires et le respect de l'éthique des JO (par exemple au moyen de tests antidopage).

Au Canada, nous ne sommes pas encore très bien organisés, sur le plan de la structure et des circuits de compétition. Les compétitions d'escalade sont un phénomène assez peu connu, tout comme le sport en soi. En France, en Espagne ou en Autriche, c'est une autre histoire. Ces pays accueillent nombre de Coupe du monde de difficulté (voies), de bloc et de vitesse chaque année, événements qui reçoivent suffisamment de visiteurs, d'après ce que je peux voir en "livestream" sur le Net.

Malgré tout, le Canada, avec son seul véritable champion d'envergure internationale, Sean McColl, a une certaine visibilité. Nous avons tenu notre première Coupe du monde de bloc à Canmore l'an dernier, et Toronto tente à présent de réitérer l'expérience. D'ailleurs, le comité doit amasser 10000$ pour être sanctionné par le comité international et pouvoir s'appeler une "Coupe du monde". La campagne de financement, qui dure depuis 20 jours, a permis de récolter 8750$ à ce jour (5 août 2012). Il en manque très peu, mais la plupart des dons ont été fait dans les premiers jours. Depuis, le chiffre augmente au compte-goutte. J'ai tout de même confiance qu'un sprint de dernière minute permettra de combler le dernier dixième.

Pour faire un don, visitez le http://www.indiegogo.com/TorontoWorldCup?c=activity
Vous pouvez donner le montant que vous voulez, et à partir de 30$, vous recevez en échange des "cadeaux" assez alléchants, dont un abonnement d'un an à Gripped avec un simple petit don de 30$.

Pourquoi devrions-nous tenir une Coupe du monde? Et d'ailleurs, sommes-nous prêts à le faire? C'est ce que me faisait remarquer un ami bien engagé dans l'organisation de compétitions au Québec. Selon lui, notre circuit de compétition n'est pas encore assez solide, et nous devrions mettre plus d'énergie à solidifier nos compétitions locales et nationales et à former les jeunes, plutôt que de dépenser des fortunes pour accueillir un événement auquel, au bout du compte, peu de Canadiens peuvent accéder.

Soit, c'est un argument valable, mais j'ai une opinion différente. Je n'ai pas le niveau pour participer à des compétitions internationales, et je ne l'aurai peut-être jamais, mais j'adorerais prendre part à la Coupe qui AURA lieu à Toronto. À titre de participante ou de bénévole, peu importe. D'abord et avant tout, ce genre d'événement est motivant et excitant. Si je sais qu'il y aura une compétition importante près de chez moi, j'aurai bien plus envie de m'entraîner et d'y participer. Plus elle est loin, plus je vais hésiter. De grandes manifestations de la sorte donnent aussi de la visibilité à notre sport. Peu de gens savent qu'il y a des compétitions d'escalade. Encore moins de gens comprennent comment elles se déroulent et quelles en sont les règles.

Toronto est une ville centrale et compte une forte population. Beaucoup de bons grimpeurs y habitent, et de nombreux gyms d'escalade de qualité parsèment la ville : une autre raison qui pourrait assurer le succès de l'événement.

Les différentes disciplines : un résumé


Pour ceux qui ignorent comment se déroulent les compétitions d'escalade, voici un petit résumé des diverses disciplines.

La difficulté

Il s'agit, à mon avis, de la discipline reine. Pour ceux qui connaissent un tant soit peu l'escalade, vous imaginez des gens au bout d'une corde, en hauteur, se déplaçant telles des araignées le long d'une paroi. L'escalade sportive est le type d'escalade le plus pratiqué et le plus instinctif pour la plupart des gens.

Maintenant, n'allez pas me demander si c'est celui qui se rend en haut le plus vite qui gagne, je vous répond tout de suite : non. Ce n'est pas une compétition de "vitesse", mais bien de "difficulté". C'est en fait celui qui se rend "le plus loin" dans un parcours prédéfini.

Tous les athlètes doivent tenter de compléter la même voie, qui devient de plus en plus difficile à chaque mouvement, de manière progressive et graduelle. Ils n'ont jamais fait ce parcours dans le passé et ne peuvent donc pas pratiquer préalablement les mouvements qu'ils auront à exécuter. En terme technique, on appelle cela un "à vue" (on sight).

Le meilleur athlète est celui qui touchera, maîtrisera ou se déplacera sur la prise la plus élevée. On pourrait croire que tous les athlètes devraient se rendre au même endroit, mais ce n'est pas le cas. Chacun a son style, ses forces, ses faiblesses. Le stress, la fatigue, la lecture de voies peuvent jouer pour soi ou contre soi.

Il est d'ailleurs très rare qu'une personne termine le parcours, et encore plus rare que deux personnes réussissent à en enchaîner tous les mouvements. Pourtant, c'est arrivé l'an dernier, et une nouvelle règle - de temps cette fois-ci - s'est ajoutée. Si deux personnes sont à égalité, le temps permettra de trancher du gagnant. Autrement, le temps n'est pas pris en compte.

Le bloc


Le bloc est la discipline qui connaît le plus grand engoument. Sa pratique, simple, facile et accessible, en fait un sport de choix. Le matériel requis est minimal : des chaussons, un matelas et un bout de rocher ou une salle d'escalade.

C'est aussi au Canada celle qui est la plus prisée sur le plan compétitif, comme en témoigne le circuit du Tour de bloc, une série de compétition à l'échelle du pays qui a lieu chaque année pendant la saison froide. Finalement, c'est la discipline qui sera pratiquée si la levée de fonds en vue de la Coupe du monde à Toronto fonctionne.

Les compétitions de bloc fonctionne selon un principe assez similaires à celles de voies, mais il y a plus de parcours, qui sont aussi plus courts. Dans le format "officiel", soit celui des compétitions de plus haut calibre, les grimpeurs disposent d'autant d'essais qu'ils le veulent pour réussir un parcours donné, mais ils doivent y parvenir dans un temps limité, soit quatre ou cinq minutes selon le format de compétition. Comme le bloc requiert principalement de la force et de la puissance, le temps alloué ne suffit pas à une récupération complète, et l'idéal est de réussir le parcours, appelé "problème", au premier essai. C'est ce qu'on appelle un "flash" (mais en réalité, il s'agit d'un à-vue dans les compétitions officielles, puisque les athlètes sont en isolation et ne voient pas ce que font les autres), et c'est qui donne le plus de points. Plus on prend d'essais avant de réussir, plus on perd des points. À la fin, on calcule les "Flash", puis le nombre d'essais, le nombre de "zone" (pris intermédiaire) et le nombre d'essais pour la zone, pour déterminer le classement.

La grande différence avec les voies, c'est que tu as plusieurs essais. En voie, si tu tombes, c'est terminé. Une erreur technique, un pied qui glisse, et c'est fini!

La vitesse


Voilà! On y arrive! La vitesse. C'est ce que la plupart d'entre vous ont en tête lorsque je parle de compétition d'escalade. Deux personnes qui s'affrontent sur des parcours identiques et sautent d'une prise à l'autre, tels de véritables singes. Ce n'est pas très joli, mais cela génère certainement une bonne dose d'adrénaline.

Malheureusement, cela pourrait être la discipline - et la seule - qui soit sanctionnée par le comité olympique, si sanction il y a. D'abord, parce que le principe est simple et facilement saisissable pour un non initié. Une course, un temps, un parcours connu et pratiqué régulièrement (depuis quelques années, les athlètes s'exercent sur le même parcours et établissent ainsi des records).

Je dis malheureusement, parce que pour la plupart des gens qui pratiquent l'escalade régulièrement et qui en font leur passion, ce n'est PAS DU TOUT ÇA que nous faisons. L'escalade est un sport lent, réfléchi, technique; pas une course effrenée vers sommet.

D'un autre côté, et pour avoir participé à une compétition de vitesse, je dois admettre que j'ai bien aimé l'expérience. J'ai toujours été du type sprinteuse, et je trouvais très facile de me mettre dans la zone mentale requise, puis d'exploser et de sauter de prises en prises pour atteindre le bouton tout en haut. J'ai même gagné la compétition, battant mon propre temps du début à la fin et y trouvant une certaine fierté.

Depuis pourtant, même si c'était bien divertissant, je n'ai pas réessayé de grimper de la sorte. Ce n'est pas là "l'esprit de l'escalade" je suppose. N'empêche que, compte tenu de mon gabarit (176 cm et 66 kg), je n'ai pas la carrure pour être championne de voies ou de bloc. Je serais donc certainement heureuse de me tourner vers la vitesse pour tenter de me présenter aux Olympiques de 2020!

Blague à part (je délire, je sais bien que j'aurai alors 40 ans lorsque l'escalade arrivera aux Olympiques), même si je veux voir l'escalade aux Olympiques, je pense qu'il serait important qu'on y retrouve les trois discipline. Et d'une certaine façon, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas. On retrouve le cyclisme sur route, le vélodrome, le vélo de montagne, et divers types de courses au vélodrôme. Pour un seul sport qui consiste à pousser sur des pédales! On s'entend, on prend un sport extrêmement simple, et il y a 10 compétitions différentes pour ce seuls sport! Alors trois type de compétitions en escalade, ce n'est quand même pas trop en demander!

Conclusion

J'adore mon sport et j'adore les Olympiques, c'est donc par pur égoïsme personnel que je voudrais voir l'escalade aux JO. Certains, qui aiment grimper dans l'ombre et qui n'aime pas l'engoument récent dans le sport préférerait que ce ne soit pas le cas. Ils craignent que trop de gens se mettent à grimper, que l'esprit du sport se perde, que les gens envahissent les falaises sans respect aucun.

C'est la rançon de la gloire, je suppose. Le monde évolue. Les choses ne peuvent demeurer telles qu'elles sont. L'escalade est appelé à devenir un sport olympique, à mon avis. Il est si agréable, si naturel et si beau de voir quelqu'un grimper. Tout le monde a grimpé des arbres, des clôtures, des jeux au parc dans son enfance. On en comprend le plaisir. Et je ne vois pas en quoi ce serait moins intéressant de voir une compétition de difficulté qu'une chorégraphie de nage synchronisée!

Alors voilà! Parlez-en, faites connaître le sport, participez aux compétitions et aux divers événements (corvées d'aménagement, Festivals, etc.) et sutout, n'oubliez pas d'aller faire un petit don, il ne reste plus que 18 jours :
http://www.indiegogo.com/TorontoWorldCup?c=activity